Standardiser les arômes du cannabis : un nouveau langage pour la qualité

0
19

Les chercheurs ont développé un vocabulaire standardisé pour décrire les arômes du cannabis et du chanvre, une étape importante vers l’amélioration de l’évaluation de la qualité dans une industrie en évolution rapide. Cette démarche vise à aller au-delà des simples jugements basés sur la puissance et à fournir aux consommateurs, aux détaillants et aux producteurs une compréhension commune des qualités sensorielles.

La nécessité d’un langage commun

Pendant trop longtemps, l’industrie du cannabis s’est fortement appuyée sur la concentration de THC comme principal indicateur de qualité. Cependant, cette approche néglige le rôle crucial que joue l’arôme dans la perception du consommateur et peut même contribuer aux effets négatifs sur la santé associés aux produits très puissants. Comme l’explique Tom Shellhammer, professeur de sciences alimentaires à l’Oregon State University : « Cette recherche jette les bases d’un vocabulaire partagé qui profite aux consommateurs, aux détaillants et aux producteurs. »

L’intérêt historique de l’industrie pour le THC reflète les pratiques passées dans d’autres secteurs, tels que l’enrichissement des vins avec de l’alcool après la Prohibition ou les premières IPA à forte teneur en alcool. À mesure que ces industries se sont développées, l’origine des arômes et des ingrédients est devenue centrale dans l’évaluation de la qualité, et le cannabis est désormais prêt à connaître un changement similaire.

Comment l’étude a été menée

La recherche a impliqué un panel de 24 évaluateurs sensoriels (âgés de 21 à 70 ans, répartis également entre les sexes) ayant une expérience dans l’analyse des aliments et des boissons. Les participants ont évalué les profils aromatiques des échantillons de chanvre (THC ≤ 0,3 %) et de cannabis dans des environnements contrôlés. L’évaluation du cannabis a été effectuée dans un dispensaire agréé pour garantir la conformité légale.

Les chercheurs se sont appuyés sur les données existantes des compétitions de cannabis Portland Cultivation Classic 2018-2020, affinant un lexique de 25 termes aromatiques descriptifs. L’étude s’est délibérément concentrée sur l’arôme de la matière première végétale, excluant les effets du fumage ou de la vaporisation.

Principales conclusions : profils superposés, catégories distinctes

L’étude a révélé un chevauchement significatif des profils sensoriels entre le chanvre et le cannabis, bien que les échantillons de cannabis soient plus fréquemment décrits comme skunky, moisi ou animal, tandis que le chanvre tendait vers des arômes d’agrumes, fruités ou de bonbon.

Quatre profils aromatiques distincts ont émergé :

  • Fruits, baies, bonbons : Principalement associé au chanvre.
  • Agrumes et produits chimiques : Également courant dans le chanvre.
  • Fromage et vomissements/fécaux : Un profil moins courant, mais notable.
  • Funky, terreux, moisi, paille, carburant, thé noir, boisé et noisette/grillé : Le plus souvent lié au cannabis.

Les chercheurs ont également découvert que ni les terpènes ni les composés soufrés volatils ne permettaient de prédire de manière fiable la perception sensorielle. Cela remet en question l’hypothèse courante de l’industrie selon laquelle des arômes spécifiques sont directement liés à des profils terpéniques spécifiques.

Implications pour une industrie en pleine maturité

À mesure que l’industrie du cannabis évolue vers des cadres juridiques, une approche plus nuancée de l’évaluation de la qualité est essentielle. Se concentrer sur l’arôme offre aux consommateurs des outils au-delà de la teneur en THC et en terpènes. Shellhammer conclut : « Ce travail commence à jeter les bases de cela. »

Le développement d’un langage aromatique standardisé améliorera non seulement l’expérience des consommateurs, mais facilitera également des réglementations et des mesures de contrôle qualité plus éclairées. En mettant l’accent sur la perception sensorielle, l’industrie du cannabis peut s’aligner sur les pratiques établies dans d’autres secteurs matures, en donnant la priorité à l’arôme et à l’origine des ingrédients ainsi qu’à la puissance.